Réflexion sur le règlement des différends à l’OMC : un groupe unique d’experts pour réfléchir à l’avenir de l’OMC 

Les sous-titres sont disponibles en anglais et en français.

La conférence « Repenser le règlement des différends de l’OMC » s’est tenue à Ottawa, la capitale du Canada, en mai 2023. Nous avons tout d’abord discuté de trois points : nos membres de l’OMC pourraient réformer l’étape juridictionnelle du système de règlement des différends. Le système actuel est en crise, il ne fonctionne pas bien, alors comment explorer d’autres moyens de résoudre les différends par le biais d’un mécanisme d’arbitrage ?  

La deuxième partie de la conférence a exploré la manière dont la fonction délibérative de l’OMC peut être renforcée. Comment les différends peuvent-ils déjà être résolus lorsque les États participent aux travaux de leurs comités et résolvent les problèmes par le biais de notifications et de discussions au sein des comités 

La troisième partie de la conférence a exploré la manière dont les mécanismes alternatifs de règlement des différends pourraient être utilisés pour résoudre les différends. Il s’agit de la médiation, de la conciliation ou d’autres types de discussions facilitant le règlement des différends.   

Nous avons réuni un groupe unique de praticiens experts, de juristes, de juges, de panélistes et d’universitaires pour proposer des idées afin d’aider les gouvernements à trouver une solution.   

Mon domaine d’expertise étant l’arbitrage international, j’ai pu constater ce caractère exceptionnel et j’ai également pu voir le système s’effondrer au cours des dernières années. C’est pourquoi quand Gabrielle Marceau est venue me voir et m’a dit qu’il serait bon que nous ayons l’occasion de réfléchir à ce qui peut être fait, si ce n’est pour sauver le système tel qu’il est, au moins pour qu’il évolue intelligemment et pour avoir cette occasion très rare d’une rencontre entre praticiens, avocats, arbitres, universitaires, afin d’échanger des idées.   

J’ai approché différentes universités canadiennes, le Canada étant un acteur très actif au sein de l’OMC, un pays très optimiste et fondamentalement multilatéral, jusqu’à ce que j’arrive à Ottawa.  

L’une des choses qui, selon moi, est ressortie de cette conférence est le fait que nous avons pu réunir une grande variété de participants: des praticiens, des universitaires, des diplomates, des gens du monde entier, et c’est une chose à laquelle nous tenons beaucoup ici, à l’Université d’Ottawa. Je crois fermement que l’innovation vient des marges et nous voulons donc faire venir des personnes qui ont différents types d’expertise, qui peuvent examiner les problèmes sous différents angles. C’est ce que nous faisons dans notre Centre de droit international, dans le domaine du droit des technologies et du droit de la santé, ainsi que dans de nombreux domaines pour lesquels nous sommes réputés. Un autre résultat important de cette conférence est que ces dialogues serviront à informer les décideurs politiques, à susciter des changements, et nous mobilisons donc les connaissances qui sont rassemblées dans des situations comme celle-ci.   

En 2018, le Canada et 13 autres membres de l’Organisation mondiale du commerce ont décidé de créer ce que l’on appelle le « groupe d’Ottawa ». L’idée du « groupe d’Ottawa » était d’abord de revigorer la fonction de négociation de l’OMC, ensuite de renforcer sa fonction de délibération et enfin d’améliorer sa fonction de règlement des différends. Et nous voici de nouveau à Ottawa, en train de discuter de la manière de repenser le règlement des différends de l’OMC, mais aussi d’envisager différentes manières d’améliorer la fonction délibérative de l’OMC. 

En mai 2023, plus de quarante experts de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) venus du monde entier se sont rassemblés à l’Université d’Ottawa pour discuter de l’état actuel et de la future réforme du système de règlement des différends de l’OMC. Le système de règlement des différends de l’OMC est actuellement en crise. Sa plus haute cour, l’Organe d’appel (OA), est non fonctionnel depuis décembre 2019 car les États-Unis ont opposé leur veto à la nomination de nouveaux juges. L’absence de phase d’appel sape également le règlement des différends en première instance à l’OMC, les panels, dont les rapports peuvent être appelés dans le vide et sont laissés en suspens. En conséquence, les engagements des Membres de l’OMC restent inapplicables.

À la Déclaration ministérielle de Genève de juin 2022 (PDF), les Membres de l’OMC se sont engagés à travailler vers la réétablissement d’un “système de règlement des différends pleinement et bien fonctionnel” qui soit “accessible à tous les Membres” d’ici 2024. Pourtant, les solutions à la crise restent insaisissables. 

Le symposium d’Ottawa visait à soutenir les efforts de réforme en identifiant des approches innovantes pour revitaliser le système de règlement des différends de l’OMC. Les participants comprenaient des universitaires, des praticiens, des diplomates ainsi que d’anciens négociateurs commerciaux, panélistes, membres de l’Organe d’Appel et fonctionnaires de l’OMC. Avec leurs divers horizons disciplinaires et professionnels, ils ont apporté des perspectives uniques sur la réforme potentielle du système de règlement des différends de l’OMC. 

L’équipe organisationnelle de la conférence était composée de : 

  • Wolfgang Alschner, professeur associé, titulaire de la chaire Hyman Soloway en droit des affaires et du commerce, Université d’Ottawa, 
  • Gabrielle Marceau, professeur associé, Faculté de droit, Université de Genève, et
  • Hélène Ruiz Fabri, professeur, École de droit de la Sorbonne, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

La conférence s’est tenue à l’Université d’Ottawa. Comme l’a souligné Kristen Boon, doyenne Susan & Perry Dellelce, Faculté de droit, Université d’Ottawa, la conférence fait partie des efforts de l’Université d’Ottawa pour combler le fossé entre le monde académique et la pratique et pour mobiliser des efforts intellectuels qui façonnent l’élaboration des politiques publiques. La conférence a bénéficié du soutien financier de l’Institut Max Planck Luxembourg de droit procédural, du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH), de la Chaire Hyman Soloway en droit des affaires et du commerce, de la Chaire CN-Paul M. Tellier en affaires et politiques publiques, de Bennett Jones, du Conseil canadien de droit international et de la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa.

Les délibérations se sont concentrées sur trois questions principales : 

  1. comment les membres de l’OMC peuvent-ils réformer le système adjudicataire de règlement des différends ? 
  1. comment la fonction délibérative de l’OMC peut-elle être améliorée ? 
  1. comment les mécanismes alternatifs de résolution des différends peuvent-ils être utilisés pour résoudre les litiges commerciaux ? 

La conférence a abouti à un rapport de réflexion sur le Règlement des différends de l’OMC (PDF) pour fournir aux décideurs politiques un large éventail d’idées et de perspectives sur les voies potentielles de la réforme de l’OMC. Plutôt que de formuler des recommandations spécifiques, le rapport cherche à mettre en évidence et à organiser les idées circulant dans le monde académique et la pratique. Le rapport décrit de manière exhaustive l’éventail des défis actuels auxquels est confronté le règlement des différends de l’OMC (y compris les défis procéduraux, substantiels, systémiques, politiques et d’équité), cartographie les idées de réforme existantes et fournit des réflexions structurées sur les compromis potentiels pour une réforme plus poussée. 

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