En mai 2023, plus de quarante experts de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) venus du monde entier se sont rassemblés à l’Université d’Ottawa pour discuter de l’état actuel et de la future réforme du système de règlement des différends de l’OMC. Le système de règlement des différends de l’OMC est actuellement en crise. Sa plus haute cour, l’Organe d’appel (OA), est non fonctionnel depuis décembre 2019 car les États-Unis ont opposé leur veto à la nomination de nouveaux juges. L’absence de phase d’appel sape également le règlement des différends en première instance à l’OMC, les panels, dont les rapports peuvent être appelés dans le vide et sont laissés en suspens. En conséquence, les engagements des Membres de l’OMC restent inapplicables.
À la Déclaration ministérielle de Genève de juin 2022 (PDF), les Membres de l’OMC se sont engagés à travailler vers la réétablissement d’un « système de règlement des différends pleinement et bien fonctionnel » qui soit « accessible à tous les Membres » d’ici 2024. Pourtant, les solutions à la crise restent insaisissables.
Le symposium d’Ottawa visait à soutenir les efforts de réforme en identifiant des approches innovantes pour revitaliser le système de règlement des différends de l’OMC. Les participants comprenaient des universitaires, des praticiens, des diplomates ainsi que d’anciens négociateurs commerciaux, panélistes, membres de l’Organe d’Appel et fonctionnaires de l’OMC. Avec leurs divers horizons disciplinaires et professionnels, ils ont apporté des perspectives uniques sur la réforme potentielle du système de règlement des différends de l’OMC.
L’équipe organisationnelle de la conférence était composée de :
- Wolfgang Alschner, professeur associé, titulaire de la chaire Hyman Soloway en droit des affaires et du commerce, Université d’Ottawa,
- Gabrielle Marceau, professeur associé, Faculté de droit, Université de Genève, et
- Hélène Ruiz Fabri, professeur, École de droit de la Sorbonne, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
La conférence s’est tenue à l’Université d’Ottawa. Comme l’a souligné Kristen Boon, doyenne Susan & Perry Dellelce, Faculté de droit, Université d’Ottawa, la conférence fait partie des efforts de l’Université d’Ottawa pour combler le fossé entre le monde académique et la pratique et pour mobiliser des efforts intellectuels qui façonnent l’élaboration des politiques publiques. La conférence a bénéficié du soutien financier de l’Institut Max Planck Luxembourg de droit procédural, du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH), de la Chaire Hyman Soloway en droit des affaires et du commerce, de la Chaire CN-Paul M. Tellier en affaires et politiques publiques, de Bennett Jones, du Conseil canadien de droit international et de la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa.
Les délibérations se sont concentrées sur trois questions principales :
- comment les membres de l’OMC peuvent-ils réformer le système adjudicataire de règlement des différends ?
- comment la fonction délibérative de l’OMC peut-elle être améliorée ?
- comment les mécanismes alternatifs de résolution des différends peuvent-ils être utilisés pour résoudre les litiges commerciaux ?
La conférence a abouti à un rapport de réflexion sur le Règlement des différends de l’OMC (PDF) pour fournir aux décideurs politiques un large éventail d’idées et de perspectives sur les voies potentielles de la réforme de l’OMC. Plutôt que de formuler des recommandations spécifiques, le rapport cherche à mettre en évidence et à organiser les idées circulant dans le monde académique et la pratique. Le rapport décrit de manière exhaustive l’éventail des défis actuels auxquels est confronté le règlement des différends de l’OMC (y compris les défis procéduraux, substantiels, systémiques, politiques et d’équité), cartographie les idées de réforme existantes et fournit des réflexions structurées sur les compromis potentiels pour une réforme plus poussée.