Je m’appelle Coralie Dufresne. Mon mari et moi on est famille d’accueil depuis bientôt 4 ans. On est situé dans l’Outaouais, puis on est présentement parents de cœur pour sept enfants âgés de moins de 12 ans.
Ce qui nous a mené à être famille d’accueil, c’était premièrement le désir d’avoir une famille, qui est avec le temps devenue une famille nombreuse. C’est sûr qu’on avait le désir d’aider veut veut pas, les personnes les plus vulnérables je vous dirais, de la région.
Les enfants arrivent souvent avec des enjeux d’attachement ou des enjeux au niveau comportemental même s’ils n’ont pas nécessairement de diagnostics précis. Émotionnellement je vous dirais que c’est jamais plaisant de voir un enfant malheureux ou triste ou en colère sauf qu’en même temps ça fait partie du développement de l’enfant d’apprendre à réguler ses émotions, puis nous comme parents notre rôle c’est de les accompagner dans ça.
Notre réalité est un peu différente aussi parce qu’on a plusieurs enfants qui ont des âges rapprochés. Donc ils ont des champs d’intérêt qui sont communs ils ont des expériences de vie qui parfois viennent se ressembler malgré leurs différences. Donc entre eux les enfants apprennent aussi à évoluer, à s’écouter puis à cohabiter ensemble sur le long terme.
Il y a différentes façons d’aller chercher du soutien puis du service pour nos enfants. Chaque famille d’accueil a accès à un éducateur à l’enfant placé. Donc dans le fond ça c’est un intervenant qui est associé à un milieu familial puis qui peut intervenir auprès de toute la famille.
Il y a différentes formations qui sont offertes pour les familles d’accueil par la Fédération des familles d’accueil. Il y a des formations sur l’attachement, il y a des formations sur les différentes routines, il y a des formations sur différents enjeux du développement de l’enfant. Puis ça, ça peut être des beaux outils là pour les nouvelles familles puis même pour les familles qui ont un peu plus d’expérience pour apprendre à outiller les enfants puis à épauler les enfants dans leurs défis.
C’est certain que on a bénéficié de plusieurs services là depuis que on est famille d’accueil. Par contre c’est pas un secret là, le système de santé de services sociaux au Québec a des lacunes. C’est sûr que par manque de ressources, par manque d’employés et bien des fois les enfants puis les familles d’accueil sont aussi un petit peu écopés. Il y a des moments où ça va vraiment bien on a la même intervenante pendant longtemps. Les enfants ont un lien de confiance avec l’intervenante. Puis il y a d’autres moments où pendant plusieurs semaines voire mois, notre dossier se ramasse en attente d’assignation. Ça, ça fait en sorte que c’est un intervenante d’urgence qui répond au bout du fil mais que c’est pas une intervenante stable pour notre dossier qui connaît pas principalement les enfants qui nous sont confiés. Les enfants sont représentés par un procureur. La DPJ est aussi représentée par un procureur qui peut répondre à nos questions en tant que famille d’accueil.
Par contre on a pas un avocat qui nous représente nous en tant que famille d’accueil. Même si on se sent à 1000 % impliqué dans le quotidien puis dans la vie de l’enfant on a notre mot à dire si le juge ou la juge nous demande de dire notre mot, puis si le procureur de l’enfant ou le procureur de la DPJ a des questions à nous poser.
Sinon on n’est pas directement invité à témoigner là, lors d’un tribunal. On vise une belle collaboration avec les parents biologiques parce que c’est dans l’intérêt de l’enfant. Quand c’est bénéfique pour l’enfant d’avoir des contacts avec les parents biologiques on y va dans ce sens-là, quand c’est plus bénéfique pour l’enfant et bien, dans ce cas-là on passe par les intervenantes.
Pour ce qui est du retour possible d’un enfant chez ses parents, ce qu’il faut comprendre c’est que quand on est famille d’accueil régulière avant même que l’enfant arrive à la maison, on sait qu’il y a un risque de repartir puis c’est ce qui est souhaité. On les aime beaucoup ces enfants-là, c’est sûr qu’on s’attache beaucoup à eux. Par contre, quand un enfant réussit à retourner dans son milieu biologique ça veut dire que les parents ont réussi à atteindre tous les objectifs qui leur avaient été fixé par le tribunal puis par la protection de la jeunesse. Donc c’est une victoire en soit qu’un enfant retourne dans son milieu biologique. C’est sûr que j’imagine qu’il y a beaucoup de préjugés par rapport à la société vis-à-vis les familles d’accueil.
Un qu’on entend souvent c’est : « Moi je pourrais pas devenir famille d’accueil parce que si l’enfant repart je serais vraiment détruit ou j’aurais trop peur de m’attacher. » À ça j’ai envie de répondre qu’il faut pas oublier qu’être famille d’accueil c’est un choix, qu’on le sait depuis le début que l’enfant peut repartir, que c’est souvent une belle histoire de vie puis une belle tournure.
Tu sais pour lui, si tout le monde se disait que par peur de perdre un enfant ou par peur d’avoir de la peine il devient, ils deviennent pas famille d’accueil, il y aurait pas de famille d’accueil en Outaouais pour pouvoir accueillir des enfants qui ont besoin d’un toit. Assurément là un autre des préjugés qu’on entend c’est : « Que les familles d’accueil ils font tout ça pour l’argent. ». À ça aussi j’ai envie de répondre que je connais beaucoup de familles d’accueil dans la région et j’en connais pas une qui peut rester famille d’accueil sur le long terme pour l’argent. C’est sûr là que nous être famille d’accueil ça nous permet à tous les jours d’être un parent temps plein à la maison pour des enfants qui font des activités sportives, qui viennent avec nous en voyage, qui vivent une très belle vie présentement. Puis que en 2025 il a probablement aucun métier puis aucun mode de vie qui me permettrait d’être à la maison avec cet enfant. Donc c’est certainement que il y a une partie d’argent qui est nécessaire pour subvenir aux besoins de nos enfants. Par contre je pense pas que l’argent peut être la seule motivation pour rester famille d’accueil sur le long terme c’est trop demandant émotivement.
Un autre des idées préconçues là, c’est que les critères physiques pour devenir famille d’accueil sont trop exigeants. En fait ça on l’entend vraiment souvent. Je pense qu’il faut un peu biaiser ça, puis en même temps il faut se rappeler que dans tout et partout s’il y a des lois ou des normes qui ont été établies par les Ministères c’est parce que il y a des situations où les limites ont été transigées puis où il y a des enfants qui ont été pénalisés. C’est certain qu’il y a des critères physiques pour les maisons qui sont quand même exigeants. Mais si on réfléchit concrètement à chacun des éléments qui sont demandés, c’est tous des critères qui sont mis en place là pour la sécurité des enfants en cas d’incendie, en cas de d’incidents grave.
Au fond on peut pas s’attendre à ce que les critères soient moindres pour accueillir les enfants les plus vulnérables de la société. Souvent les gens nous répètent que c’est des critères qui sont trop exigeants mais c’est des enfants qui ont déjà été négligés. Donc que parce que c’est des enfants qui ont besoin de finalement avoir un environnement sécurisé, sécurisant, accueillant, chaleureux.
Je pense que pour toutes les familles qui hésitent à peut-être vouloir accueillir un enfant je leur dirais de assurément s’inscrire à la séance d’information. Aller s’informer puis s’il décident de faire le saut, le plus précieux conseil que j’ai à donner c’est aussi d’informer votre entourage, parce que les enfants que vous allez accueillir vont vous côtoyer vous, mais ils vont aussi côtoyer tout votre entourage.
Moi j’aime souvent dire que « ça prend un village pour élever un enfant. ». Puis plus votre entourage va être informé sur ce que c’est d’accueillir un enfant là de la protection de la jeunesse, plus ça va faire des villageois informés et bienveillants, puis plus tout l’entourage qui va graviter autour de l’enfant va être accueillant et chaleureux.
C’est ça un peu le slogan de l’Outaouais : « Ouvrez votre cœur, partagez votre toit. ». Puis c’est réellement ça devenir famille d’accueil. C’est de partager notre toit, partager notre temps, partager notre énergie. Mais c’est aussi d’ouvrir notre cœur. Puis c’est gratifiant en tant qu’adulte aussi. On apprend énormément puis on évolue énormément en devenant les parents d’un enfant qui a pas le même bagage que nous nécessairement. Ce qui serait peut-être pertinent pour les nouvelles familles d’accueil si on veut les conserver je pense ça serait un réseau de parrainage Faudrait que l’établissement chemine, puis pense à comment les plus vieilles familles d’accueil pourraient parrainer les nouvelles familles d’accueil, peut-être avec un contrat de confidentialité. Il y a pas mieux qu’une famille d’accueil pour être à l’écoute d’une autre famille d’accueil. Il y a pas mieux qu’une famille d’accueil avec des expériences pour répondre aux besoins puis aux questions d’une nouvelle famille d’accueil. Mais je pense que c’est la plus grande oreille là, c’est quand que les familles d’accueil ont un réseau entre elles.
Comme conclusion je pense que ce que j’aimerais rappeler aux gens c’est qu’en tant que société, quand on entend parler de la DPJ, quand on entend parler des familles d’accueil, c’est vraiment souvent négatif, parce que vu que la DPJ ça vient avec une très grosse aire de confidentialité on en entend parler après des gros drames, on pensera à « la petite fille de Granby », on en entend parler après des situations qui sont qui sont traumatisantes pour la société. Par contre les belles histoires, les beaux parcours d’enfants de la DPJ, les enfants qui ont trouvé une famille pour la vie, les enfants qui finissent par être adoptés, ça on en parle jamais. Puis ça et bien ça fait partie de plusieurs histoires d’enfants de la DPJ. C’est juste qu’on les entend pas ces histoires-là. Puis nous et bien, sans la Direction de la protection de la jeunesse on serait pas des parents de cœur très comblés, très épanouis, puis très heureux d’avoir cet enfant.