Nous devons nous inspirer de nos histoires du passé : explorer des méthodologies pour la recherche inclusive

Le Dr Ebanda, bonjour bonjour Boulou. Bonjour. Le Dr Ebanda de B’Beri est le conseiller spécial en matière d’anti-racisme et d’excellence inclusive de l’Université d’Ottawa et le coprésident du comité d’action contre le racisme et pour l’inclusion. Il est aussi le directeur fondateur du laboratoire de médias audiovisuels pour l’étude des cultures et des sociétés. Sans plus tarder je passe la parole au Dr Ebanda de B’Beri qui va prononcer quelques remarques pour nous accueillir ce matin.

Merci Cintia, merci Penelope, merci tout le monde qui sont derrière ce magnifique événement, merci de m’y associer.

I don’t know, should I speak in English, or in French – what do you prefer? I’m hybrid, so I can switch from English to French, I guess your event is very hybrid also, right? So, thank you very much for inviting me. Thank you for – for taking the time to be in this kind of conversation. We do need this in our campus. We do need this in our university.

J’ai pensé vous parler un peu de, d’une notion qui s’appelle la notion de la propriété, parce que nous sommes dans la faculté de droit justement, je me demande comment on peut étudier une propriété. Imaginez-vous d’être propriétaire de quelque chose, propriétaire de votre vêtement, propriétaire de votre maison, propriétaire d’un individu par exemple. Alors je vous envoie un peu dans l’histoire très récente, et pour vous parler de la propriété je vais m’inspirer d’un bâteaux, un bâteau qui s’appelait la, la Amistad. Est ce que vous savez, vous avez entendu parler de l’Amistad? Et donc l’Amistad c’est un bateau esclavagiste du 19e siècle hein, c’est pas loin là, on parle du 19e siècle, qui était un paque, euh pas un paquebot mais un espèce de gros bateaux qui transportaient des esclaves qui étaient très impliqués dans le commerce transatlantique. Et à l’intérieur de ces caves, à un moment donné de ses parcours, il y a eu quelques noirs qui était dedans qui se sont rebellés, et qui ont dit que vous savez, ben nous nous s-, nous nous sommes des hommes libres, on ne vous appartient pas. Nous ne sommes pas votre propriété. Parce qu’évidemment à cette époque-là, les noirs pouvaient être la propriété des blancs, hein? Ils pouvaient être comme leurs meubles, on pouvait les transporter de village en village, on pouvait les présenter, on pouvait les vendre, n’est-ce pas. Donc ils étaient la propriété de quelques autres individus qui avaient des capacités financières donc, à pouvoir les acheter et aussi les revendre, à pourvoir en faire leur objet de travail. Donc nous sommes au 19e siècle, dans notre monde d’aujourd’hui, alors il y a eu un cas qui fait cas l’école : Les États-Unis c. Amistad, et c’est un cas très intéressant pour vous qui faites le droit, qui vous vous intéressez au droit, c’est un cas super intéressant, et qui est pour moi le début d’une réflexion sur la notion de race et de pouvoir. La notion de race et de pouvoir économique parce que Amistad et ce que le droit nous permet de comprendre c’est que non seulement il y a un déshumanise particulier sur les personnes qui étaient donc arrêté et gardé dans ces bateau-là, qui était, qui voulait être vendu comme de la marchandise. Il y a non seulement cette déshumanité, déshumanise, il y a cette animalisation de l’être humain. Il y a cette chosification de l’être humain qu’il fallait abolir, et pour arriver à cette réflexion, il faut une pensée critique qui articule à la fois le droit à la race, le droit au pouvoir. Et j’ai vu aujourd’hui qu’il y a un des panels sur lequel vous allez réfléchir aujourd’hui qui va parler de la critical race theory, la théorie critique de race, qui est cette façon de pouvoir mettre plusieurs couches identitaires dans la réflexion des rapports, des rapports sociaux entre x,y,z, des rapports sociaux entre un individu et un autre individu, des rapports, des rapports de causalité, entre qu’est-ce qui cause x. Quand je suis une femme, et que je suis une femme noire, et que je suis une femme noire à l’intérieur d’un système qui est patriarcal, qu’est-ce que ça peut donner. Et c’est les mêmes questions que les avocats dans Amistad posent donc aux propriétaires d’Amistad qui se disaient les propriétaires du contenu du bateau. Le contenu du bateau étant à la fois les esclaves, étant à la fois tout ce qui pouvait être comme marchandise à l’intérieur.

Écouter je voulais vous apporter cette petite réflexion là en deux minutes comme ça, pour vous permettre de voir que bon, ce que nous vivons aujourd’hui ne commence pas aujourd’hui. Il y a des ramifications historiques, et si nous voulons que tout le monde comprenne, si nous voulons que nos étudiants soient instruits, si nous voulons que nous progressions dans un monde où c’est la connaissance qui va nous guider, nous devons nous inspirer de nos histoires du passé. Ces histoires-là vont nous permettre de créer effectivement une école méthodologique comme celle-ci, de se poser les bonnes questions, parce que la méthodologie c’est quoi? Quand j’enseigne mes cours de métho en cultural studies, je dis à mes étudiants : it is about how to do things. How do you do it? How? Quand je sors de chez moi je m’habille, ok comment t’habilles-tu? C’est ça la méthodologie. How do you do it? Et puis quand tu sors tu fermes la porte à clé, comment fermes tu la porte à clé? Tu la fermes avec la main droite ou avec la main gauche? How? Et quand tu marches, tu marches comment? Tu conduis comment? Tu arrives là où tu vas comment? Tu passes par où? C’est ça la méthodologie. How do you do things? Right? Inspirez-vous vraiment de ce petit exemple d’Amistad, pour questionner la façon dont on fait les choses, pour approfondir nos connaissances sur la façon de faire les choses, et vraiment je suis encore très très très fier d’avoir pu prononcer ces quelques mots devant vous tous et toutes aujourd’hui afin que votre version continue et quand j’ai dit tout à l’heure à Cintia et à Penelope, peut-être que nous aurons besoin d’une université d’été, où on pourra voir ce genre de conversation là, avec beaucoup plus, à présentielle, avec beaucoup plus de, beaucoup plus de participants.

Je vous remercie beaucoup et je vous souhaite une très très bonne école méthodologique d’automne, merci.

Professor Ebanda de B’beri, thank you so much for coming to speak with us today, and we will keep your thoughts in mind throughout the day and throughout the week as we explore these various topics on methodology, and it’s so important, I think, what you said about, sort of, thinking about the ramifications of the laws and the actions of the past in order to address what we do today and what needs to happen now and in the future. So thank you very much for taking the time, and we very much appreciate it.

Thank you, and have a great one.

Merci beaucoup. Merci, bonne journée.

Au revoir

Merci

Au revoir

Le professeur Boulou Ebanda de B’béri, conseiller spécial sur l’antiracisme et l’excellence en matière d’inclusion à l’Université d’Ottawa, a donné le coup d’envoi de la deuxième journée de l’École d’automne sur la méthodologie de la recherche en droit en s’intéressant à l’affaire United States vs The Amistad et au concept de propriété. En 1839, on découvrait près des côtes de New York la goélette espagnole La Amistad. Un groupe de captifs enlevés en Afrique de l’Ouest et vendus comme esclaves à Cuba s’était soulevé et avait pris les commandes du voilier avant d’être capturé par les autorités américaines. Il s’ensuivrait une bataille juridique marquante sur la propriété et les droits, la Cour suprême des États-Unis étant ainsi appelée à trancher sur le statut juridique des captifs.  

Dans cette vidéo, le professeur de B’béri s’appuie sur l’exemple de l’Amistad pour explorer les effets de la pensée critique sur notre compréhension de notions telles que la propriété, et sa capacité à nous faire entrevoir d’autres façons d’envisager des concepts comme la race et le pouvoir. Cette même pensée critique s’avère indispensable pour réfléchir à la méthodologie de la recherche, avance-t-il. Après tout, ne revient-il pas aux chercheuses et chercheurs de constamment remettre en question différentes façons de faire et leurs effets corollaires?  

« Ce que nous vivons aujourd’hui ne commence pas aujourd’hui. Il y a des ramifications historiques, et si nous voulons que tout le monde comprenne, si nous voulons que nos étudiants soient instruits, si nous voulons que nous progressions dans un monde où c’est la connaissance qui va nous guider, nous devons nous inspirer de nos histoires du passé. »  

Boulou Ebanda de B’béri, Ph.D.  
Conseiller spécial, antiracisme et excellence en matière d’inclusion à l’Université d’Ottawa et professeur titulaire au Département de communication, Faculté des arts  
  

La 4e édition de l’École d’automne sur la méthodologie de la recherche en droit s’est tenue à la Faculté de droit, Section de common law, en novembre 2021. Fidèle à cette nouvelle tradition de réunir universitaires de renom, chercheuses et chercheurs émergents et étudiantes et étudiants avides d’explorer les dessous de la recherche en droit, cette plus récente édition s’articulait autour d’un thème particulièrement fécond : celui de la recherche inclusive. De nombreux spécialistes se sont ainsi réunis pendant cinq jours pour discuter d’une multitude de sujets rattachés à la création de milieux de recherche équitables, diversifiés et inclusifs.  

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