Mon nom est juge Michelle O’Bonsawin. Je suis juge à la Cour supérieure de justice à Ottawa.
Je suis Abénaquise, j’ai grandi hors réserve dans le Nord de l’Ontario. Ma réserve est située à Odanak, au Québec. Je viens d’un petit village franco-ontarien dans le Nord de l’Ontario qui s’appelle Hanmer.
Quand j’avais neuf ans, j’avais décidé que j’allais être avocate. J’ai fait la grande annonce à mes parents. Ils étaient surpris, parce qu’il n’y a pas d’avocat dans ma famille. C’était mon but.
Au secondaire, j’avais rencontré mon orienteur, et je lui avais dit que mon plan de carrière était de devenir avocate. Mon orienteur m’avait dit « Ah, Michelle, à la fin de la journée, tu ne vas pas être avocate. Tu viens d’un petit village franco-ontarien dans le Nord de l’Ontario. Laisse faire ça. »
Moi, je m’étais dit « Non, c’est le rêve, et je vais m’y rendre. Watch me. »
J’ai fait mon bac à l’Université Laurentienne, et par la suite je suis allée ici, à Ottawa, en common law en français.
J’ai commencé ma carrière à Justice au sein des services juridiques de la GRC. Par la suite, j’ai quitté pour aller faire du droit de l’emploi et du travail à Postes Canada pour une période de neuf ans. Ensuite, je suis allée au Royal Ottawa comme avocate générale. Donc, je me suis spécialisée en droit du travail, parce qu’il y avait cinq syndicats, mais j’ai aussi fait beaucoup de dossiers en santé mentale, plus spécifiquement en psychiatrie légale.
Lorsque j’étais en première année en droit ici à l’Université d’Ottawa, quelqu’un du bureau du commissaire était venu nous parler au sujet de « comment est-ce que tu deviens un juge ». Quelqu’un lui a demandé ce qu’est la juge parfaite. Il a dit : la juge parfaite, c’est une femme bilingue autochtone. Je me suis dit « hé, ça, c’est moi! »
J’ai été nommée au mois de mai 2017 et je me suis rendue comme la première personne autochtone nommée à la Cour supérieure de justice à Ottawa.
En Ontario, la Cour supérieure a vraiment trois lignes de travail : des dossiers de droit civil, des dossiers en famille et des dossiers criminels. À cause de mon expérience en psychiatrie légale, c’était vraiment plus facile à rentrer et à faire le saut dans les dossiers criminels. Je n’avais pas d’expérience en droit de la famille, donc c’était quand même une période de transition où j’ai travaillé beaucoup d’heures. J’ai été super chanceuse, par contre, parce que j’avais des mentors comme le juge (l’Honorable Charles T. Hackland) Chuck Hackland qui m’a prise sous son aile et m’a beaucoup aidée à me guider à travers tout le nouveau dans le poste.
Personnellement, je trouve que j’ai un rôle à jouer, comme tous les juges, de parler en public sur le rôle du judiciaire dans la société.
C’est important de partager cette information-là avec le public pour parler de l’accès à la justice. Pour moi, c’est surtout de parler de l’accès à la justice pour les personnes autochtones, quelque chose qui m’est très cher.