Au-delà des barreaux: quand le casier ferme des portes

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L’article 18.2 de de la Charte des droits de la personne du Québec dit que tu peux pas « refuser un emploi à une personne sans que tu puisses comme prouver le lien entre l’infraction commis puis l’emploi » qu’il va faire La réinsertion sociale c’est comme dire « écoutes, tu sais t’étais dans une situation, t’as été enlevé de la société parce que t’étais en détention », là faut te permettre de réintégrer, faut « rerentrer » en société. Mais la réinsertion sociale c’est là que ça devient un petit peu plus difficile parce que la personne, quand elle veut peut réintégrer la société pour vivre, comme, ce qu’il veut vivre puis être au-dessus de la loi, bien pas au-dessus de la loi, mais suivre les lois plutôt; elle va faire face à beaucoup de problèmes parce que, elle a quand même l’antécédent qui pend au-dessus de sa tête et puis, les gens vont le regarder différemment c’est sûr et certain.

La personne elle sait qu’elle a un antécédent. Elle va vivre avec toute sa vie mais elle a pas à vivre avec ça, non seulement au niveau de ses pensées, mais au niveau de sa vie quotidienne. Elle doit pouvoir reprendre un un semblant de vie qui va être plus normal, qui va être adapté pour qu’il puisse genre, payer son loyer, payer son hypothèque, parce que c’est super important. On veut que ces gensl puissent réintégrer la société normalement. T’as le droit de vivre une vie normale en autant que tu veux le faire. Puis quand la personne a la volonté, on veut pas cracher sur cette volonté là non plus.

Mon père est parti avec ses valises une journée, j’avais environ 9 ans. Donc il est parti avec une autre femme. Donc il nous a abandonné moi, ma sœur et ma mère. Il y a une de mes grands…de mes grands-mères qui m’avait dit: « Daniel maintenant c’est toi l’homme de la maison. ». Puis quand qu’on dit ça un petit garçon de 9 ou 10 ans, bien il se pompe le « chest » puis « I’m the boss », puis je vais prendre soin de ma mère puis de ma sœur. Et ma mère a rencontré un autre homme, peut-être un an et demi après…un an, un an et demi après. Tombé en amour et ça s’est avéré un homme violent. La phrase qu’on m’avait dit quand j’étais petit raisonnait toujours dans ma tête et j’avais l’impression d’être un quelqu’un d’inadéquat qui était pas capable de prendre la responsabilité qu’on lui avait donné, même si c’était pas la mienne. Et malheureusement j’ai confronté cet homme-là, je lui ai enlevé la vie et j’ai été condamné à la prison à perpétuité. J’avais 18 ans, puis j’ai eu 19 ans deux jours plus tard.

Les enjeux en réinsertion social il y en a trois. Il y a le premier, c’est avoir un revenu décent, avoir de l’argent. Ce revenu-là va te permettre, de d’avoir un toit sur la tête. Et le troisième élément qui est le plus difficile puis qui coûte rien, c’est de se refaire un réseau social. Mais on se fait ça comment un réseau social? Ça on fait ça quand… à l’université, pendant nos études. Mais moi les gens que je connais à l’université étaient prison. Donc on fait ça comment? On arrive sur le coin d’une rue: « Bonjour madame, j’ai fait 17 ans de prison, je voudrais être votre ami. ». Plus de chance que la police arrive qu’elle nous invite à souper. Donc c’est…ça c’est difficile de faire ça parce que, quand on se fait des amis il faut être honnête avec eux , puis un moment donné faut le dire là, qu’on a fait de la prison, puis des fois, bien il y a des gens qui l’accepteront pas puis qui vont qui vont nous « flusher ». Mais c’est important d’être honnête si on veut établir une relation amicale saine.

Quels sont les obstacles juridiques ou administratifs qui peuvent rendre difficile la réinsertion sociale d’un individu?
C’est la stigmatisation. Stigmatiser une personne c’est comme regarder une personne puis dire: Écoute toi tu as eu une peine de prison pour X, Y condamnation. Puis cette personne-là quand elle va essayer de retourner dans la société par exemple si elle était emprisonnée 2, 3, 4, 5 ans peu importe la durée temp, ou c’est 2, 3 mois, ça devient difficile parce que l’employeur potentiel ou bien l’employeur qui…où la personne travaille déjà, il va regarder la situation puis ça va faire un peu comme une espèce d’effet de peur, parce qu’ils vont se dire l’employeur, bien là j’ai quelqu’un qui veut appliquer chez nous,, mais là je vois son passé judiciaire, donc je un petit peu comme, craintif, puis je vais avoir peur d’embaucher cette personne-là.

Moi j’ai été chanceux parce que, pendant que j’étais incarcéré, je connaissais un journaliste qui connaissait un éditeur de magazine, puis il m’a mis en contact avec cette personne-là, puis il m’a offert d’écrire une chronique une fois par mois dans le magasin. Donc j’écrivais une chronique une fois par mois. Et quand ma libération conditionnelle approchait, j’ai dis, écoute-là, moi faut que je me trouve un travail tu sais. Et j’ai pu participer à un programme qui permettait à des gens incarcérés de se trouver un emploi et d’aller travailler. Donc je partais du pénitencier le matin, je revenais le soir au pénitener et j’ai commencé à travailler pour ce magazine là, où je faisais à peu près n’importe quoi. Puis j’ai progressé dans cette entreprise-là, je suis devenu représentant publicitaire après un an et j’ai eu un autre emploi par la suite dans un site internet-là mais à l’époque où j’ai travaillé dans l’internet, c’est pas très très… c’était pas comme aujourd’hui-là, c’était difficile. Et par la suite j’ai eu un offre pour aller travailler comme intervenant en en milieu correctionnel. Puis au départ je me disais: Bien voyons donc, qui je suis pour aller faire ça. Je connais rien là-dedans. J’ai jamais fait d’intervention de ma vie, j’a jamais étudié là-dedans. Mais le service pour lequel je travaillais c’est un service de…qui ressemble beaucoup au services de pair-aidance qui sont en place en psychiatrie, qui prennent de plus en plus de place aujourd’hui dans notre société. C’est basé un peu sur le principe des confréries « AA », « NA ». Donc quelqu’un qui a vécu la difficulté peut aider quelqu’un qui vit cette difficulté-là, à passer au travail.

Parce qu’il y  a des organismes présentement, qui épaulent les gens qui sont libérés de la détention pour leur permettre de retourner sur le marché du travail. Il y a des employeurs qui sont très comme… parce qu’ils ont vécu la même situation eux-mêmes, qui sont rendus des directeurs ou des des chefs de compagnie, et puis qui sont comme: Moi je veux donner une chance à une personne qui a, a eu un mauvais espace, puis je veux avoir cette personne-là, parce que cette personne-là souvent, quand elle veut faire sa réinsertion sociale, il y a une forme d’humilité que cette personne-là va avoir parce qu’elle va savoir: J’ai passé par quelque chose de difficile, puis je veux réussir, puis je vais aider les gens après moi ou les gens qui sont dans la même situation que moi. Ils vont vraiment avoir comme, une certaine forme de protection, puis ils vont les rediriger dans le bon chemin.

Moi je pense que c’est super important. Tu dois avoir le droit d’avoir une deuxième chance.

S’il y a quelque chose qui marche pas dans leur vie, il faut qu’ils aillent demander de l’aide. Demander de l’aide c’est difficile, parce que c’est parfois honteux. On sait pas comment faire, mais il faut aller voir un adulte de confiance, puis aller demander de l’aide.

La liberté c’est la chose la plus précieuse qu’on possède. On est ici, mais il y en a d’autres qui sont comme entre quatre murs puis ils peuvent pas sortir. Puis on contrôle tout ce que tu manges, où tu vas, quand tu dors, tandis que nous on peut sortir jusqu’à 2, 3 heures du matin puis faire ce qu’on veut, puis on rentre à la maison puis qu’on sait qu’on a cette liberté-là. C’est quelque chose de précieux. Savourer votre liberté. Oui on a fait des niaiseries, oui on fait des conneries dans la vie mais, faut jamais s’amener au point que, ça peut comme, priver notre liberté puis qu’il va y avoir des antécédents judiciaires.

Si vous demandez pas d’aide
puis vous avez un problème important dans votre vie ça se pourrait que vous finissiez vos jours dans une prison. Et puis c’est pas un endroit très agréable.

Le cinéma et les séries judiciaires présentent souvent une image unidimensionnelle du système de justice : celle de l’accusé menotté, incarcéré, humilié, puis effacé de la société. Mais qu’advient-il après la sentence, une fois les projecteurs éteints et la cellule refermée? L’univers de la réinsertion reste largement méconnu et, trop souvent, caricaturé. 

Que signifie réellement avoir « purgé sa peine »? Comment réapprend-on à vivre en liberté après 20 ans derrière les barreaux? Comment reconstruire une vie alors que le temps, lui, ne se rattrape pas? La justice s’arrête-t-elle aux barreaux ou s’étend-elle à la reconstruction? Des étudiantes de la Section de droit civil de l’Université d’Ottawa ont exploré ces questions essentielles avec l’aide de Daniel Benson, ancien détenu, et de Me Mike Allan Dyer. 

Souvent minimisées ou incomprises, les conséquences du casier judiciaire et de l’emprisonnement dépassent de loin la peine elle-même. À travers le récit sincère et percutant de Daniel Benson, ce billet visuel met en lumière les angles morts de notre système de justice et pose la question que beaucoup n’osent formuler : la justice, comme on la vit au quotidien, est-elle vraiment juste? 

Cette vidéo de plaidoirie visuelle a été réalisée par les étudiantes en droit Katelynn Lavalée-Roberts, Justine Pucar, Émy Renaud et Léa Trottier dans le cadre du cours Plaidoirie visuelle/Droit et cinéma proposé à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa, Section de droit civil.  

Références et liens utiles
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