La connectivité qui caractérise notre monde numérique et continûment branché s’accompagne de défis généralisés et persistants. La prévalence de la violence facilitée par les technologies, un phénomène à multiples facettes qui bouscule les perceptions conventionnelles de la violence, est particulièrement alarmante et nécessite une attention immédiate.
Traditionnellement, les définitions de la violence mettent l’accent sur les actes physiques d’agression perpétrés par des individus. Cependant, les réseaux numériques permettent des torts qui vont bien au-delà du physique. La traque, la propagation de la haine, le harcèlement, la diffusion non consensuelle d’images intimes, les hypertrucages et la divulgation de données personnelles facilités par la technologie entraînent également des préjudices psychologiques, émotionnels, culturels, sociaux et financiers. Les entreprises technologiques jouent un rôle essentiel dans la facilitation de ces préjudices, par exemple en plaçant les contenus controversés en tête des résultats de recherche afin de maximiser l’engagement des utilisateurs.
La professeure Jane Bailey est à l’avant-garde de la recherche sur la violence facilitée par les technologies, particulièrement en ce qui a trait à ses effets négatifs disproportionnés sur les membres des communautés marginalisées sur le plan du genre et d’autres communautés en quête d’égalité, ainsi que sur le rôle joué par les entreprises technologiques dans la perpétration de ce type de violence. De concert avec la professeure Valerie Steeves, elle codirige l’eQuality Project, une initiative de recherche axée sur les expériences des jeunes dans les espaces numériques notamment en ce qui concerne le respect de la vie privée et l’égalité. Dans cette vidéo, la professeure Jane Bailey explore la nature de ces violences. Elle explique comment le point de vue des jeunes est essentiel pour trouver des moyens efficaces et proactifs de s’attaquer à ses méfaits et aux structures sociales et économiques sous-jacentes qui les favorisent.
Des manchettes sur les conséquences parfois tragiques de la violence facilitée par les technologies ont contribué à une prise de conscience collective croissante de ce problème. Or, ces exemples nous incitent aussi à nous questionner sur l’applicabilité et l’efficacité des réponses pénales au Canada dans ces situations. Bien que des mesures législatives ont été introduites pour lutter contre des délits tels que la divulgation non consensuelle d’images intimes, les travaux de la professeure Bailey soulignent la nécessité d’aller au-delà des réponses pénales réactives et individualisées vers des interventions réglementaires, éducatives et sociales globales et proactives. Elle cherche à faire évoluer nos cadres juridiques afin de garantir que les personnes ciblées par des violences facilitées par les technologies reçoivent un soutien adéquat et que celles qui cherchent à tenir leurs auteurs légalement responsables soient en mesure de le faire. Surtout, la chercheuse au rôle que jouent les entreprises et les gouvernements dans la création de types d’environnements virtuels qui perpétuent et encouragent différentes formes de préjudices et d’abus en ligne.
Le projet eQuality s’est engagé à aider les jeunes à exprimer leurs propres expériences, préoccupations et aspirations, que ce soit à l’école, dans un contexte social ou dans le cadre d’un processus d’élaboration de politiques. En amplifiant leur voix et en favorisant un dialogue avec des organisations partenaires et des décideurs politiques, la professeure Bailey donne aux jeunes des moyens de défendre leurs intérêts à long terme. Grâce aux efforts concertés des parties prenantes du projet eQuality et à leur façon originale de partager les savoirs, de nouvelles perspectives sont mises à la disposition des décideurs politiques. L’objectif ultime : améliorer les politiques et les pratiques, et promouvoir un monde social, juridique et technologique juste qui donne la priorité aux droits plutôt qu’aux profits.