La professeure Eva Ottawa se consacre à l’étude des traditions juridiques chez les Atikamekw Nehirowisiwok. Dans cette vidéo, elle nous explique son travail de recherche sur opikihawasowin, les modalités de prise en charge ou de circulation des enfants chez les Atikamekw Nehirowisiwok de Manawan.
La coexistence des cultures juridiques autochtones et occidentales est à la fois un défi et une richesse dans le système de droit canadien. Depuis quelques années, il existe un mouvement qui encourage l’émergence de modèles novateurs vers un pluralisme juridique misant sur la coexistence de régimes juridiques provenant notamment des différentes Premières Nations. Il existe par exemple chez les peuples autochtones du Canada des pratiques et normes coutumières encadrant la prise en charge des enfants, sur une base temporaire ou permanente, par un membre de la famille ou d’autres proches. Selon certains observateurs, la méconnaissance des pratiques et coutumes en matière d’adoption chez les Autochtones contribue à la perception voulant que l’absence d’encadrement de la prise en charge de l’enfant par le cadre juridique de l’État soit contraire à l’intérêt des enfants.
En 2012, le Groupe de travail sur l’adoption coutumière en milieu autochtone proposait au gouvernement du Québec des solutions pour mettre en place une « passerelle » entre le droit étatique et la coutume autochtone pour en reconnaître expressément ses effets dans la loi. Le Québec a modifié le Code civil du Québec en 2017, entrouvrant la porte à une reconnaissance du pluralisme juridique en matière d’ « adoption coutumière ».
Les travaux de la professeure Ottawa, elle-même d’origine Atikamekw Nehirowisiw, permettent de mieux comprendre les pratiques et normes coutumières au sein des Premières Nations. Ils contribuent à l’établissement de modèles novateurs pour assurer une meilleure coexistence des cultures juridiques autochtones et occidentales.