Fonction publique et élus : un duo au cœur de l’État 

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Chaque ministre a deux piliers de soutien. L’un c’est un cabinet politique partisan, qui vient du parti, qui soutient les rôles politiques : relation avec le caucus du parti, relation avec d’autres ministères, communication politique. Une perspective partisane qui est tout à fait appropriée dans une démocratie.

Et l’autre pilier, c’est le soutien de la fonction publique non partisane, présidée souvent par un sous-ministre.

Donc, il faut avoir les deux côtés en balance, une communication constante entre le sous-ministre et le chef du cabinet politique.

Les deux perspectives sont légitimes et pertinentes, mais ça fonctionne mieux quand il y a un dialogue constant.Si on veut faire avancer quelque chose, un projet de loi, un programme de dépenses, une réglementation, comment réagir à un événement. Le côté politique vient souvent avec une perspective de message partisan : comment avancer notre équipe contre l’autre équipe. Et ce n’est pas le rôle de la fonction publique de penser en termes de comment avancer telle équipe bleue, équipe rouge. La fonction publique est là pour avancer une analyse, les vérifications nécessaires en termes de coût, perspective juridique, relations internationales, mise en œuvre. Alors, toutes sortes de perspectives qui sont très pertinentes.

Et le rôle d’une ministre ou du Premier ministre, c’est de prendre les avis des deux côtés et décider quoi faire. Et si le politicien décide de faire ou ne pas faire quelque chose à cause d’une perspective partisane, c’est tout à fait approprié dans une démocratie. Et l’imputabilité, c’est envers les électeurs.

À chaque élection américaine, s’il y a un changement du parti au pouvoi, cela est suivi par un changement de à peu près 50 000 employés. Presque tous les cadres supérieurs et même les middle managers de l’État américain changent. Donc, ils perdent au moins un an en termes de momentum. Il y a une période de transition très longue avant qu’ils puissent vraiment avancer les dossiers dans le système américain.

Moi, j’ai toujours travaillé dans le système canadien de Westminster. Donc, je trouve les avantages en termes de continuité, c’est que après les élections, la décision démocratique des Canadiens, Canadiennes est respectée et le nouveau gouvernement peut commencer à travailler, avancer ses dossiers assez vite. Mon expérience, c’est, par exemple, on est passé d’un gouvernement Harper complètement fonctionnel à un gouvernement Trudeau complètement fonctionnel dans l’espace de 16 jours. Un avantage de notre système, c’est d’avoir une fonction publique permanente, non partisane, qui est prête pour les changements des politiciens.

Ça peut arriver dans le même mandat d’un parti : un ministre démissionne, ou un ministre est envoyé à un autre rôle, comblé par un nouveau, nouvelle.

Donc, est toujours prêt à pour recevoir un nouveau, nouvelle ministre.

Ça arrive dans une vague de changements, s’il y a des élections et un changement de gouvernement, et tout de suite il y a un 25 ou 30 ministres à recevoir.

Des vraies transitions de pouvoir, ça arrive à peu près tous les 10 ans au Canada, où on change de l’équipe à bleu, rouge, rouge à bleu, orange. Ça n’arrive pas souvent, mais il y a toujours une période où il faut gagner la confiance, établir les relations de travail avec le nouveau gouvernement.

Et comme ils ont passé presque une décennie dans l’opposition, il y a toujours, ils commencent toujours avec un certain scepticisme. Et c’est vraiment là où les sous-ministres et les greffiers gagnent leur paye, en créant des relations stables, respectueuses, de confiance.

Ça n’arrive pas toujours, des fois, c’est difficile pour un ministre ou un sous-ministre de commencer à travailler ensemble.

Et si on est vraiment complètement opposé à une nouvelle direction, on démissionne.

Je suis devenu très confortable avec l’idée que ce sont les électeurs qui décident. Ils donnent un mandat à l’équipe rouge, ou bleue, ou orange. Et la possibilité d’avoir une fonction publique non partisane et compétente, qui peut avancer ses idées, c’est très important pour une démocratie.

La campagne électorale fédérale est officiellement lancée : à la fin avril 2025, les Canadiens et les Canadiennes seront appelés aux urnes pour élire un nouveau gouvernement. Si les visages des décideurs politiques peuvent changer, une constante demeure au cœur du système canadien : une fonction publique professionnelle, impartiale et apolitique.

Composée de fonctionnaires de carrière, cette fonction publique non partisane a pour mission de soutenir les gouvernements, peu importe leur orientation politique, en mettant en œuvre leurs priorités et en assurant la prestation continue des services publics à la population.

À l’écart des projecteurs, les fonctionnaires doivent faire preuve de discrétion et d’impartialité. Leur rôle est de fournir des conseils fondés sur l’expertise, indépendamment des préférences idéologiques du gouvernement en place. Cette neutralité constitue l’un des piliers de la démocratie parlementaire canadienne, en assurant la stabilité, la continuité et la confiance envers les institutions publiques.

Mais comment s’organise concrètement cette collaboration entre les élus et ceux qui, en coulisses, veillent à la mise en œuvre des politiques gouvernementales?

C’est ce que rappelle Michael Wernick, ancien greffier du Conseil privé du Canada. Selon lui, le premier ministre et les ministres s’appuient sur deux piliers fondamentaux pour prendre leurs décisions :

  • Le pilier partisan : représenté par le bureau politique du ministère;
  • Le pilier neutre et impartial : incarné par la fonction publique fédérale, sous la direction d’un sous-ministre.

Ces deux entités interagissent étroitement pour concevoir et mettre en œuvre des mesures ayant un impact direct sur la vie des citoyens.

Michael Wernick souligne par ailleurs qu’à la différence du système américain, le Canada bénéficie d’une tradition de continuité assurée par une fonction publique non partisane, dévouée à la gestion des affaires publiques, quels que soient les changements politiques.

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